PRESTIGE #55

 

Au carrefour de la peinture, de la sculpture et de l'architecture, l'artiste parisien Mathias Kiss réfléchit à sa vie, à son scepticisme et à sa colère. Il semble s'adonner à sa carrière de manière à la fois pragmatique et révolutionnaire. 


L'apprentissage traditionnel du métier de designer de meubles et de décorateur permet à Kiss de réaliser des chefs-d'œuvre d'une grande précision technique. 


Mathias Kiss n'est pas quelqu'un qui se laisse cataloguer. Son message n'en est que plus clair : se laisser guider, trouver de nouvelles voies, avoir le courage d'être différent. 


PRESTIGE - Mathias Kiss, vos œuvres d'art ne servent pas uniquement de décoration dans le design d'intérieur. Elles ont également un but - elles doivent déclencher une sorte d'autoréflexion chez le spectateur, ce qui a également été la pierre angulaire de votre travail d'artiste.  


Pourquoi l'autoréflexion est-elle si importante pour vous ? 


MATHIAS KISS - Tout d'abord, je crée des pièces en réaction à mon passé de restaurateur de monuments historiques et, surtout, sans désir de "design". 


Je ne crée que des pièces qui vont à l'encontre des règles et des diktats du classicisme. C'est un défi avec une seule idée en tête. 


P - Un matériau que vous utilisez souvent est le verre miroir - ce n'est probablement pas un hasard. Quelle est la fonction du miroir dans votre art ? 


MK - Je déteste la fonction ! J'ai commencé à l'âge de 14 ans une formation de peintre-verrier, j'ai donc forcément travaillé avec des miroirs et je me suis occupé de leur découpe. Si j'avais suivi une formation de tapissier, je déchirerais probablement aujourd'hui des rideaux et du papier peint.


P -  Après votre apprentissage d'artisan, vous vous êtes frayé un chemin vers l'art en créant des meubles et en travaillant comme décorateur. Vous êtes passé du matérialisme, de la création humaine à l'abstraction, presque à l'ésotérisme et au spirituel. 


Comment percevez-vous le déroulement de votre carrière ?


MK - Il m'est difficile d'en juger après coup, mais disons qu'au début, mon travail était plutôt technique, mais n'avait pas de sens. Je travaille actuellement à trouver des réponses, une voie en dehors de la fonction ou de l'esthétique. 

 

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